Le triptyque de l'Assomption de la Vierge de Pietro Novelli
par Anna Terranova, architecte

L'œuvre, qui représente l'élément caractéristique de l'église capucine au sein du jardin hybléen, s'inscrit dans un courant européen d'avant-garde reflétant les réflexions les plus actuelles au sein de l'Église et de l'ordre des capucins. Le client était Niccolò Placido Branciforte, appartenant à l'une des familles les plus prestigieuses de Palerme
En 1635, le peintre monreale Pietro Novelli fut chargé par Niccolò Placido Branciforte de peindre le triptyque de l'église capucine de Raguse. Le triptyque avec l'Assomption de la Vierge et les deux latéraux (maintenant inversés) avec Sant'Agata et Santa Caterina d'Alessandria, clairement reconnaissables aux signes de leurs martyrs respectifs, était, comme en témoigne le contrat conservé à Palerme, le fruit des réflexions de trois protagonistes de l'époque: le client, le puissant Niccolò Placido Branciforte, appartenant à l'une des plus prestigieuses familles de Palerme, qui avait fondé quelques années plus tôt la charmante ville de Leonforte, le peintre Pietro Novelli, qui était le peintre préféré des années XNUMX de l'aristocratie très catholique de Palerme et de l'Ordre des Capucins. Ce dernier avait joué un rôle fondamental dans Leonforte depuis depuis la fondation (et pendant la peste de 1627), ainsi que l'épouse de Branciforte, Caterina Barresi, collaboratrice active de son mari dans les choix de vie personnels et politiques. Ce dernier représente le lien entre le noble de Palerme et le couvent de Raguse (qu'il a dû appeler Vicaire général du Val di Noto): la grand-mère de Caterina, Dorotea Barresi, avait été miraculeusement guérie par un capucin, Fra Vito da Ragusa (dans l'exemple de qui Catherine avait grandi), puis distinguée par la douceur et la foi manifestées quelques jours avant sa mort. Niccolò et Caterina, que les sources nous disent très catholiques, étaient particulièrement liés aux Capucins, comme en témoignent à la fois les dons importants et les vœux testamentaires des deux.
En 1634, Caterina mourut et son mari dévoué décida de faire peindre un retable en son honneur, destiné à l'église des capucins de Raguse.
Catherine, comme le dit l'inscription sur le somptueux sarcophage de marbre noir dans lequel elle repose, - «très forte dans le mépris de la mort imminente, très tenace dans la foi du monde céleste» - s'était distinguée par l'attitude exemplaire qu'elle avait au moment de la mort, qui rappelle celle du frère Vito, dont on se souvient non seulement pour le miracle de Dorotea Barresi, mais aussi pour les paroles (qui nous sont parvenues) de foi et de joie qu'il a eues avant de mourir. Ainsi, en 1635, le peintre Pietro Novelli peint le retable de l'église de Sant'Agata.

Les deux saints martyrs et la Vierge forment les sommets d'un triangle, également confirmé par les magnifiques cadres d'origine, œuvre d'un moine du couvent, avec les armoiries mariales au-dessus: les trois vierges sont en effet sur le point d'atteindre le Christ, ravies par sa lumière. Cependant, le peintre fait une distinction claire: soulignant le martyre que les deux saints ont subi, il souligne qu'ils méritaient, méritaient, la résurrection, contrairement à la Madone qui, loin de la douleur deen chair, il l'a obtenu par grâce, gratuitement de Dieu La première lumière centrale sera donc celle de la grâce divine réservée à la Vierge sous forme de mort et de résurrection.
Le choix de représenter Santa Caterina dans le panneau de droite était dû non seulement au nom de l'épouse décédée du client, en l'honneur de laquelle le triptyque a été fait, mais aussi à l'histoire du saint.
Conformément à ce que nous disent les sources, Caterina est représentée totalement prête à être retirée de la vie terrestre par la lumière qui la frappe des fenêtres orientées à l'est et qui est confirmée par la foudre peinte.


Quant à la troisième lumière, celle qui frappe les apôtres et dont la source un ange à gauche s'empresse d'indiquer aux deux qui se confabulent au fond de la scène, la contribution que les capucins de l'Église ont apportée doit avoir été fondamentale. Le thème du retable, le sens de cette lumière, est en fait celui de la foi (et le choix arbitraire de Novelli d'ajouter l'épisode de la donation de la ceinture à l'incrédule saint Thomas ne sera pas accidentel) compris dans la perspective capucine, en qui est au cœur de l'enseignement de saint Bonaventure, ou plutôt le point de départ de cet itinéraire de l'âme qui conduit à la réunification avec Dieu.À l'extrême gauche, on remarque deux apôtres bien particuliers: l'autoportrait de Novelli écoutant ce qu'un un personnage âgé, habillé en habit, lui chuchote à l'oreille, dans une pose très similaire à celle dans laquelle il s'était autoportrait quelques mois plus tôt dans un tableau de l'abbaye bénédictine de Monreale, dans lequel un chevalier à ses côtés semble expliquer le miracle ils sont témoins.
Comme là, il est donc probable (et le dessin préparatoire semblerait le confirmer) que Novelli se soit dépeint tandis qu'un capucin, probablement le gardien du couvent en 1635, Fra Battista da Scicli, lui explique ce qui se passe: le miracle de la foi, en optique de San Bonaventura.

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